RJ Aischoise – UR Namur FLV : Des entraîneurs méfiants (Vers l’Avenir)

Sur le terrain (et autour), tout semble réuni pour vivre une belle soirée de football ce samedi au stade Bertrand. Les deux formations ont bien lancé leur championnat, chacune par une victoire.

Mais Manu Rousselle est prudent. «Namur possède des éléments qui ont joué à un niveau supérieur, capables de faire la différence à n’importe quel moment. Je pense à Rosmolen et Mwemwe notamment, pointe l’entraîneur aischois. Mais on doit y croire. La saison dernière à domicile, on a battu des favoris comme Tilleur et Stockay.» De quoi croire à l’exploit et poursuivre la bonne spirale? Sans doute. D’autant que la concurrence, plus grande cette saison dans le noyau, doit transcender les Aischois. «J’ai 15 ou 16 joueurs qui mériteraient de commencer le match mais je ne peux pas les aligner tous. La motivation est présente, ils étaient 22 à l’entraînement jeudi.»

À Namur aussi, on a bien travaillé cette semaine. Mais Jean-Claude Baudart se méfie. «S’il suffisait d’aligner une équipe avec des noms connus pour gagner, cela se saurait et Anderlecht serait champion chaque année, avance le coach namurois. Je considère que les deux équipes se valent. Aische est une équipe offensive avec des flancs rapides, ce ne sera pas évident, estime le coach namurois. Il faudra rééditer notre première période du week-end dernier, avec densité et qualité.»

«Je m’en souviendrai toute ma vie»

Il y a 40 semaines, Namur se déplaçait à Aische pour ce qui aurait pu être le dernier match de son histoire. Aujourd’hui, le club revit et tout est différent. Flashback.

Ce n’était pas une semaine comme les autres. Pour Aische, et encore moins pour Namur. Dans les deux camps, personne n’a oublié les jours qui ont précédé le samedi 25 novembre 2017, date du derby namurois de D3B qui aurait pu être le dernier match de l’histoire du matricule 156, à l’agonie, englué dans les dettes et régulièrement menacé de cessation d’activités sportives par la Fédération.

«Il y avait eu beaucoup d’engouement à l’entraînement, des journalistes étaient présents, se souvient le gardien aischois Yohan Prévot. Beaucoup de joueurs avaient été contactés pour témoigner. Mais on n’était même pas certain de jouer le samedi. On entendait tout et n’importe quoi par rapport à Namur.»

De leur côté, à Mascaux le jeudi 23, les supporters namurois avaient pacifiquement envahi le terrain d’entraînement, fumigènes en main et larmes aux yeux, pour apporter leur soutien aux rescapés du noyau qui n’étaient plus payés et qui tentaient, tant bien que mal, de poursuivre la saison. «Ce soir-là, je n’ai pas pris une claque mais un poing dans le visage, image l’entraîneur namurois de l’époque, Steve Pischedda. Il y avait beaucoup d’émotion. Je m’en souviendrai toute ma vie.»

«On pensait vraiment que c’était la dernière»

L’émoi était toujours vif deux jours plus tard. «Dans mon discours d’avant-match, j’avais remercié les joueurs et j’avais insisté sur l’importance de se faire plaisir, rembobine Pischedda. Je leur avais aussi demandé de faire en sorte que, même s’ils n’allaient pas quitter le terrain avec une prime en poche, ils devaient tout donner et laisser une bonne image dans l’esprit des gens.»

Luc Vanoverberghe était parmi la cinquantaine de supporters inconditionnels de l’UR qui ont chanté leur amour du blason ce soir-là. Leur désespoir aussi. Il se souvient de l’atmosphère mi-mortuaire, mi-festive au stade Bertrand. «On y allait plus pour nous, pour se retrouver une dernière fois autour de l’équipe. Et on a même cru au miracle, à la victoire, plaisante-t-il avec l’autodérision qui a, au fil des années, fini par caractériser les fans namurois. On avait fait un bon match malgré la défaite 5-3 et on avait mis une grosse ambiance. On pensait vraiment que c’était la dernière.»

Finalement, le club avait pu terminer la saison (15e avec 10 points). Entre-temps, au coaching, Zoran Bojovic avait succédé à Steve Pischedda, remercié début février par les mystérieux repreneurs allemands qui n’ont jamais su conclure la reprise du club malgré des mois de négociations.

Tout a changé

Aujourd’hui, tout a changé. «Ça, c’est Namur, à 1000%, sourit Luc Vanoverberghe. Un jour on croit que… et puis le lendemain c’est tout l’inverse qui se passe.» Depuis la reprise du club et la fusion avec Fosses cet été, les Merles ont retrouvé de leur superbe. «Cela ne pouvait pas être autrement. Un club comme Namur ne peut pas mourir», lance Pischedda qui, malgré des mois difficiles, ne retient que du positif de son passage aux Bas-Prés.

Le club de la capitale wallonne semble restructuré, réorganisé, avec des ambitions réfléchies, et surtout, des joueurs namurois. C’est simple, de l’équipe de la saison dernière, il ne reste personne.

Ce soir, si les Namurois débarqueront à Aische avec au moins autant de supporters qu’il y a neuf mois, le contexte émotionnel et sportif sera tout autre. Les Merles partent en effet favoris, cette fois, comme pour démontrer qu’ils sont occupés à écrire une nouvelle page de l’histoire, longue et tumultueuse, du matricule 156. Ils comptent bien faire de ce samedi, un samedi de derby inoubliable. Pour les quarante prochaines semaines, au minimum.