«Je pense avoir fait mes preuves en D3» (Vers l’Avenir)

Manu Rousselle veut revoir le vrai visage de son équipe.

Ambitieux mais réaliste, Manu Rousselle rembobine ses trois ans et demi à Aische avant le derby un peu revanchard de ce samedi soir aux Bas-Prés.

Discret, pointilleux, Manu Rousselle (47 ans) n’est pas du genre à en faire des tonnes. Entre son travail chez AGC à Charleroi et son domicile de Meux, à un jet de ballon du terrain, l’entraîneur de Aische s’est volontiers posé face à nous, mardi, dans un bistrot gembloutois qu’il a connu plus jeune. «Ca fait des années que je n’y ai plus mis les pieds.» Séquence bilan et ambition après 3,5 ans à Aische, club qu’il a rejoint après des expériences à Fernelmont, au Condrusien, Meux B et Fosses.

Manu, c’est votre quatrième saison à Aische. Quel bilan tirer des trois premières?

J’ai découvert un club familial et bien géré, où on laisse travailler l’entraîneur. On a démarré par une montée de P1 en D3 amateurs alors que ce n’était pas spécialement attendu. Ensuite, on a fait une saison honorable avant le tour final de la saison dernière. Tout ça alors qu’on avait l’un des plus petits budgets de la série.

Vous avez été ballotté entre la D3B et la D3A. Une préférence?

La B, pour les après-matches plus sympas.

Si vous deviez citer un regret et une fierté…

Tu me poses une colle (NDLR: il sourit et réfléchit). La fierté, c’est d’avoir participé à ce tour final alors que c’était inespéré. Le regret, c’est de ne pas être monté parce qu’on n’est pas passé loin face à Couvin-Mariembourg. On était trop déforcé pour encore lutter à ce moment-là de la saison. Sans prétention, quand je vois la belle saison de Couvin en D2, je me dis que peut-être on y aurait eu notre place. Je suis aussi satisfait de voir évoluer des garçons qu’on est allé chercher plus bas, comme Soulimen Ghaddari que j’ai découvert à un sixte alors qu’il jouait en Réserve à Namur. Dénicher des jeunes qui confirment, c’est gratifiant pour un staff. Un joueur que j’aurais aimé attirer? Giresse Mwemwe, mais c’est inabordable pour nous.

Vous êtes quatrième ex aequo. Quel est l’objectif cette saison?

Le tour final. Aische est bien là où il est mais peut-être que, dans un futur un peu plus lointain, le club pourrait viser la D2. Pour cela, il faudrait pouvoir faire un effort budgétaire mais c’est difficile. Et idéalement avoir un synthétique car le terrain d’entraînement souffre.

On vous sait ambitieux. Pourriez-vous partir si Aische ne monte pas?

C’est trop tôt pour le dire. Pour partir, encore faut-il qu’il y ait des clubs intéressés. Il n’y en a pas 50 000 dans la région. Je pense avoir fait mes preuves en D3 et c’est vrai que j’ai envie de goûter au niveau supérieur. Mais je suis très bien à Aische, à cinq minutes de chez moi. On sait ce qu’on a mais pas ce qu’on aura. J’ai doucement craint la saison de trop mais, cet été, l’effectif a beaucoup changé et cela a permis d’éviter une certaine lassitude, tant pour les joueurs que pour moi.

Quand vous étiez joueur, vous aviez déjà cette fibre de coach?

Oui. J’ai souvent été capitaine et, dès que j’ai arrêté de jouer à cause d’une opération à la hanche, j’ai commencé les cours d’entraîneur. Lionel Roger, à Spy, m’a beaucoup inspiré alors que je ne l’ai eu qu’un an. Il prônait le ballon, il dialoguait… Philippe Rasquin aussi. La saison passée, Christophe Kinet (NDLR: coach de Tilleur) m’a salué en me disant: «Tu prônes le beau football et on voit que c’est travailler». Ça fait plaisir.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le coaching?

J’aime le terrain. Préparer un entraînement, le donner, penser à la tactique, à contourner les forces de l’adversaire, à maintenir mes joueurs concernés… De l’extérieur, on ne s’imagine pas le boulot que tout cela représente. Heureusement, on forme un vrai staff, solidaire et travailleur, avec Nicolas Mazzier (T2), Bauduin Leclercq (TK) et Mickaël Lacluyse (PP). Ils m’aident énormément.

Qu’est-ce qui a changé entre le Manu Rousselle du début et celui d’aujourd’hui?

Globalement, mon approche est la même. L’aspect scouting et connaissances de l’adversaire a évolué, c’est sûr. Mais je reste un coach qui aime le ballon et qui sait parler à ses joueurs. La différence, c’est que j’ai appris à être un peu moins proche de mon groupe qu’avant. Bêtement, avec le staff, on ne partage plus le même vestiaire que les joueurs.